GUSTAVE GOBRON

Mon arrière grand-père maternel
1846 - 1911

 

 

Gustave Gobron est né à Buzancy (Ardennes) le 15 juin 1846. Son père Porphyre y est notaire. Sa mère Léonie Devy, d'origine anglaise est d'une très grande beauté.
Il épouse Suzanne Scheurer le 19 juillet 1882 à Paris. C'est grand mariage parisien. Suzanne est la fille d' Auguste Scheurer-Kestner, homme politique très respecté. Si, contrairement à ce que la rumeur familiale prétend, Gambetta n'était pas l'un des témoins des mariés, il était néanmoins présent.
Gustave dirige alors l'importante usine de fournitures militaires " Godillot ". Très vite, il entre en politique. Il devient député des Ardennes de 1885 à 1889.
Il quitte alors son poste de directeur de l'usine qu'il occupe depuis 10 ans et, ne bénéficiant plus de son logement de fonction, fait construire un hôtel particulier rue de longchamps à Paris.
Député, sénateur des ardennes, la famille Gobron est implanté dans cette région depuis 1750. Plus particulièrement à Buzancy depuis 1790. Porphyre Gobron, son père y était notaire, de même que son grand-père Pierre-Pascal Gobron.
Tout en menant sa carrière politique, il achète un brevet de fabrication d'automobile en 1898 et fonde avec Eugène Brillié les " Automobiles Gobron Brillié ". Ces luxueuses voitures gagnèrent de nombreux prix et furent les premières a atteindre les 100 km/h. Il fera beaucoup pour développer le sport automobile et participera à la création de l'Automobile Club de France.
De 1907 à 1911, il sera sénateur des Ardennes et Président du Conseil Général des Ardennes. Il meurt dans sa circonscription, à Wadimont le 27 septembre 1911.

Gustave Gobron était un homme courageux, mais je laisse la parole à sa femme Suzanne pour raconter l'exploit de ce jeune homme de 24 ans pendant le siège de Paris en 1870.
" …Mais voilà que Gambetta grand ami de la maison vient y faire un séjour : Vautré dans un fauteuil, car on peut le dire ce grand homme qui si fin causeur, si spirituel était de corpulence commune et de gestes également, sauf à la tribune, où orateur né, rejetant ses cheveux en arrière, le masque superbe d'intelligence et de fougue, il semblait un autre lui même. Il fixa attentivement mon mari, puis tout à coup : " Mais je le connais ce petit-là, c'est lui qui en 1870 m'a apporté les dépêches du gouvernement ! Té, (il avait terriblement l'accent du midi), je ne l'ai donc point reconnu, où avais-je la tête "? Puis pendant que celui qui était sur la sellette s'esquivait, il nous raconta l'odyssée.
Étant lieutenant mon mari était parti de Paris assiégé en ballon avec des dépêches importantes pour l'assemblée nationale, qui se tenait à Bordeaux. Un vent soufflait en tempête. Quand le ballon fut lâché, il rasa un moment les toits et les cheminées pendant que les Prussiens tiraient sur lui. Mon mari jeta du lest, le ballon piqua vers le ciel et partit définitivement en vitesse pour arriver cinq heures après en Hollande. La descente fut périlleuse, car mon mari ayant la mer à proximité éventra son ballon d'un coup de couteau pour atterrir plus vite et éviter la chute dans l'eau, ce qui était une mort certaine. Celui-ci tomba comme une masse. Traîné par les pieds, la tête rebondissante sur le sol, il avait cependant eu le temps, en voyant venir une troupe de paysans, de prendre connaissance du texte des dépêches et de les détruire en menus morceaux. Les paysans, croyait-il, parlaient allemand et sa capture ne faisait aucun doute. Heureusement, il n'en était rien et le soir même il quittait la Hollande pour Bordeaux où il arriva exténué, souffrant de ses blessures. Son courage, son sang-froid lui valurent la légion d'honneur, qui lui fut décernée séance tenante. Il avait à peine vingt-quatre ans !
"C'est un bougre de brave petit français, continua Gambetta, et il a bien fait d'épouser une Alsacienne !" Mon père était sorti du salon et c'est en riant et tenant le délinquant par l'oreille qu'il y rentra. - Tu ne nous avais jamais raconté ça, et moi qui louchais d'un mauvais œil sur ta décoration… Mon mari souriait de son petit air moqueur. Moi je me disais : " Il est bien trop content de les mettre dedans avec sa décoration qui sentait le parisien boulevardier à plein nez, pour leur raconter ses prouesses. Car je vous avais déjà dis, mon mari était un farceur…"

Voici donc l'épopéé de mon arrière grand-père qui, une fois en Hollande rejoignit l'armée du Général Chanzy avant d'atteindre Bordeaux où il put remettre les précieux documents.

Sources :
- Albert Meyrac. Géographie illustrée des Ardennes. Seconde édition.Librairie Guénégaud. 1965
- Mémoires de Suzanne Gobron dite Suzel. Archives familiales


retour