LE CHATEAU AUGEARD

Si l'on descend au niveau des prairies, c'est à dire au sud du vieux bourg, nous abordons le domaine féodal, occupé par les familles d'Aspremont puis d'Anglure, seigneurs de Buzancy.
Ce premier château est constitué de lourds bâtiments, quatre tours, larges fossés, pont-levis aux épaisses portes. En 1756, le marquisat de Buzancy est en difficulté, il est vendu aux enchères publiques entre Monsieur de Montmain, la Comtesse du Barry et le marquis Guillaume-Pierre Tavernier de Boullongne.
Ce dernier, trésorier de l'Extraordinaire des guerres, en fait l'acquisition. Il a été pendant 24 ans le premier secrétaire du duc d'Orléans puis secrétaire du Roi.
A peine possesseur du château, il le démolit et fait reconstruire par l'architecte Claude Baccarit un château dont Versailles doit être le modèle. Il garde les fondations premières et élève un château de plaisance avec parc immense, jardins splendides, pièces d'eau et statues. Il ne reste que les communs en hémicycle qui par leur ampleur donne la mesure de ce devait être le château. Comme beaucoup de financiers de l'époque, il se ruine et le marquisat est acheté par Jacques Mathieu Augeard en 1781.

Fermier général, Augeard est le secrétaire des commandements de la reine Marie Antoinette. Il devient le nouveau seigneur de Buzancy.

Le 12 septembre 1784, le château est presque complètement détruit par un incendie à cause d'une servante qui allumait du feu dans un réchaud pour sécher les meubles et les tableaux les plus riches.

Augeard le fait relever. Il demande alors à François-Joseph Bélanger, l'architecte du château de Bagatelle et de la Folie d'Artois, de restaurer le château auquel on lui attribue à tort la construction.
En 1787 les bâtiments sont déjà construits, la chapelle est bénie en septembre. La reconstruction sera presque terminée en 1789.

Le château se compose de 80 pièces, 20 appartements à l'étage, une chapelle, une salle de bains et une aile presque entièrement consacrée à l'office, une réplique de la galerie des glaces qui serait côté parc, un grand salon, une salle de billard et un petit salon, pas de bibliothèque.
A la sortie du château, vers l'ouest, un parterre étendait ses massifs de gazon et ses allées bordées de statues. Au début de la pièce d'eau commençaient les bosquets et bois du parc où de larges allées permettaient de magnifiques promenades.

De la prairie, Belanger fit un parc splendide, pas de jardin anglais comme à Bagatelle mais un beau et grand jardin à la française avec une pièce d'eau de 700 mètres de longueur entièrement dallée et de nombreuses statues dont le groupe sculptural de la Samaritaine qui existe toujours de nos jours.

En octobre 1789, Augeard propose à Marie-Antoinette de quitter la France en passant par Buzancy. Elle renonce après dix jours de réflexion. Le plan est découvert et Augeard emprisonné. Puis, il est mis sur la liste des émigrés des Ardennes. Les séquestres sont mis sur ses biens.
Le 8 mai 1792, le seigneur du lieu étant absent depuis plus de six mois, Pierre-Pascal Gobron, notaire à Buzancy depuis 4 ans se présente au régisseur du château pour lui demander les clés et en faire l'inventaire. Les meubles et immeubles sont vendues aux enchères publiques le 6 Germinal an II (26 mars 1794). Le corps principal du château est acheté par Buquet. Celui-ci, blessé dans son amour propre lorsque Napoléon passant à Buzancy refusa de déjeuner dans son château préférant s'arrêter à Vouziers le 11 octobre 1804, incendia sa demeure aux 80 pièces.

Ainsi reste-il actuellement de ce château, les communs en forme de fer à cheval, un des deux pavillons d'entrée ainsi que la grande pièce d'eau de 700 mètres de la Samaritaine avec sa statue du même nom.

Sources
- Octave Guelliot, Dictionnaire de l'arrondissement de Vouziers 1998
- Chevauchées en pays d'Argonne. Alcide LERICHE. Imprimerie Huguet 1975
- Guide du patrimoine Champagne Ardennes. Jean-Marie Pérouse de Montclos. Directeur de recherches au CNRS. Hachette 1975
- Madame Michelot Saudé. Buzancy raconté aux enfants. Union. 29 Mars et 4 avril 1974
- Lieutenant colonel Chenet Le journal des Ardennes 22 et 23 mars 1930


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